The visitor (vostf)

Proposée par Rue sésame

Date et lieu La sortie s'est déroulée à UTOPIA TOURNEFEUILLE, le Dimanche 07 décembre 2008 à 14:00.	Participer à cette sortie Pour participer à cette sortie, il fallait être inscrit sur AmieZ Inscrivez-vous C'est gratuit, et c'est sans pub ! C'est bon esprit quoi... !
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DescriptionCe qu'en dit le site Utopia :

Pour certains films, résumer trop simplement le scénario peut s’avérer catastrophique. Parfait exemple avec ce formidable The Visitor. Si je vous dis : « c’est l’histoire d’un prof tristounet d’économie du Connecticut qui s’emmerde royalement dans la vie à enquiller les mêmes cours depuis 20 ans, et qui un jour, heureusement, se fait squatter son appart new yorkais par un couple de clandestins, lui Syrien elle Sénégalaise… Finalement, au lieu de virer le garçon, il préfère le garder pour qu’il lui apprenne à jouer du djembé et grâce à cela, sa vie va changer, il va se mettre à être cool et à se battre tant et plus pour son nouveau pote menacé d’expulsion. »
Bon OK, dit comme ça, vous me jetez « ça ne tient pas debout, c’est supergnangnan, on dirait un scénario écrit par une militante trop naïve d’une association de défense des sans papiers » (parce qu'en plus vous êtes sexiste et que pour vous, si c'est supergnangnan, c'est forcément écrit par une femme…).
Sauf que ÇA FONCTIONNE à fond et on se surprend à être totalement bouleversé par cette histoire a priori improbable. Alors pourquoi ? Comment ?

Parce que d'abord les acteurs sont superbes, notamment Richard Jenkins (jusqu'ici connu surtout pour son rôle de fantôme cynique dans la géniale série funéraire Six feet under), parfait en sinistre prof au début du film, infiniment touchant plus tard, quand la carapace de l’homme de chaire s’effrite pour laisser la place à l’Homme tout court. Mais aussi Hiam Abbass, magnifique actrice palestinienne vue récemment en femme de résistance dans Les Citronniers, et qui incarne ici, avec une superbe dignité et une sensualité discrète mais volcanique, la mère de Tarek, pour lequel elle va se battre avec la rage d’une lionne.
Parce que Tom McCarthy filme admirablement New York, une ville qui vibre au son des immigrants qui se rassemblent autour de quelques percussions à Central Park ou ailleurs, parfois de simples seaux en plastique parvenant à faire vibrer tout un auditoire. Et Tom McCarthy l’Américain sait aussi filmer New York avec l’œil neuf de ces immigrants qui ont toujours peuplé et construit la ville, touchant quand Zainab, la fiancée de Tarek, montre à sa future belle-mère combien celui ci aimait prendre le ferry et passer à proximité de la statue de la Liberté. Parce que Tom McCarthy est un cinéaste remarquablement subtil et il sait montrer l’évolution très progressive du professeur d’université et la rupture tout aussi progressive de ses préjugés et de ses barrières culturelles, ainsi que son dépit face à la découverte de la perversion du modèle démocratique auquel il avait toujours cru. Parce que Tom McCarthy sait témoigner avec une colère contenue de l’inhumanité du traitement fait aux clandestins, enfermés dans des centres de rétention construits en plein cœur de ville mais tellement camouflés que l’on dirait de simples entrepôts, et dont on soupçonne que leur gestion a été confiée à quelque officine privée, le marché du malheur et de la terreur étant très profitable aux Etats Unis. Sans parler des pratiques humiliantes vis à vis des familles qui consistent à ne même pas les prévenir s'il y a transfert ou expulsion en cours.

Pour toutes ces raisons, The Visitor s’avère au final un film superbement humaniste, exaltant et sans mièvrerie aucune.

Réalisation : Tom McCARTHY

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