Gelée? la garonne?

Proposée par Sintica

Date et lieu La sortie s'est déroulée à UTOPIA TOULOUSE, le Mercredi 21 janvier 2009 à 17:30.	Participer à cette sortie Pour participer à cette sortie, il fallait être inscrit sur AmieZ Inscrivez-vous C'est gratuit, et c'est sans pub ! C'est bon esprit quoi... !
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Descriptionmeuh non! c'est pas de notre long fleuve tranquille qu'il s'agit, mais d'une lointaine FROZEN RIVER...

Écrit et réalisé par Courtney HUNT - USA 2008 1h37mn VOSTF - avec Melissa Leo, Misty Upham, Charlie McDermott, Mark Boone Junior, Michael O’Keele, Jaz Klaitz, Bernie Littlewolf... Grand Prix du Festival Sundance 2008 • Prix de la meilleure actrice pour Melissa Leo au Festival de San Sebastian 2008.

FROZEN RIVER A moins que votre anglais soit encore plus mauvais que celui de notre président (« Oh Mr Obama ! why are you so tall ? »), vous aurez compris sans trop de difficulté que le personnage central de ce film qu’on vous recommande chaudement est une rivière gelée. En l’occurrence celle qui sépare, au Nord de l’Etat de New York, le Canada des Etats-Unis. Mais on a beau être dans un état qui porte le nom de la ville de tous les espoirs, on est bien loin de Manhattan et de ses génies de la finance qui ruinent le monde. Parce que dans cette zone frontalière, on ne se marre pas vraiment, et on n’a pas attendu la crise financière pour être dans la survie au jour le jour, même si on est citoyen de la première puissance mondiale. C’est le cas de Ray, employée précaire et à temps partiel d’une supérette, qui avec l’énergie du désespoir tente de bricoler une vie normale pour elle et ses deux enfants. Même si loger dans une caravane et composer en fin de mois le menu du soir uniquement à base de pop corn OGM, on ne peut pas dire que c’est une normalité réjouissante… Mais la petite famille, soudée dans l’adversité, s’en accommode en espérant accéder au rêve absolu : un mobil home flambant neuf (le genre de truc que la banque peut saisir plus facilement qu’une maison en dur : elle n’a qu’à l’embarquer sur un camion !). Rêve malheureusement compromis par un mari qui s’est barré avec les économies pour les dépenser devant une table de black jack à Atlantic City…

Généralement, face à une situation impossible, une rencontre improbable force le destin, et c’est ce qui se passe quand Ray fait la connaissance de Lila, indienne Mohawk tout aussi fauchée qu’elle et qui subsiste en faisant passer par la rivière gelée des clandestins chinois et pakistanais transitant par un Canada plus tolérant en terme de politiques migratoires… On apprend ainsi que dans ce coin des Etats-Unis, si peu intéressant économiquement que la grande Amérique a bien voulu laisser un bout de territoire aux Indiens, qui y font en théorie leur propre police, les petits trafics sont légion. Et Ray, petite Américaine blanche non dénuée de préjugés comme la majeure partie de la population locale (qui considère l’Indien à peu près aussi bien que beaucoup de Français considèrent les Gitans), va se lancer dans cet accolage incongru et ce petit trafic à risques.

La force de la réalisatrice Courtney Hunt, qui pour son premier long métrage réussit un vrai coup de maître, est d’avoir su mêler deux genres a priori très différents. Frozen River est d’abord une chronique sociale formidablement émouvante, autour de la rencontre de deux femmes que tout sépare mais qui se retrouvent unies par l’instinct de survie et l’amour immodéré de leurs enfants : un portrait de battantes porté par deux actrices stupéfiantes. Mais Frozen River est aussi un thriller palpitant qui utilise avec brio cette nature grandiose et pleine de dangers de l’Amérique hivernale. À chaque passage de clandestins, le suspense est à son comble : la glace se brisera-t-elle et le fleuve engloutira-t-il les espoirs de Ray et de Lila ? Comment se terminera le jeu du chat et de la souris entre les deux femmes et la police tribale ou fédérale ? Sans rien révéler de l’issue, au bout du chemin, les deux femmes, sortes de Thelma et Louise prolos, seront allées au bout d’elles-mêmes en même temps qu’à la rencontre l’une de l’autre, en abandonnant au passage leurs préjugés, et en trouvant au fond de soi une générosité que la dureté de la vie avait auparavant enfouie.

Participants

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